mercredi 9 janvier 2008

"tout devient possible" : la jouissance sans limites

Attentif aux psychopathologies sociales, Charles Melman, psychiatre et psychanalyste, épingle au cours des entretiens avec Jean-Pierre Lebrun la «nouvelle économie psychique» à l'œuvre dans notre société.

« Le mal social est flagrant: figures de l'autorité à la dérive, dépression endémique, jeunesse en déshérence et suicides, toxicomanies et violences inédites, etc. Il y a vingt ans, un patient consultait parce qu'il souffrait du refoulement de son désir et de l'angoisse de culpabilité liée, peu ou prou, au sexe.

Aujourd'hui, cette névrose classique est moins préoccupante. C'est la perversion qui se généralise au point de devenir la norme sociale. A l'horizon de la perversion se tient, toujours, un vouloir-jouir sans limites.

Réduire l'autre à un objet qu'on peut envoyer à la casse, une fois consommé: sexe sans séduction, vieux travailleurs «usagés» condamnés à la déchetterie sociale, menus litiges résolus à coups de barre à mine, mépris mégalomane de la loi. L'homme moderne tend à une jouissance qui n'est pas que sexuelle. La difficulté du lien, avec soi et avec l'autre: la voilà, l'aliénation de «l'homme sans gravité.»

Extrait de Alain Rubens,
Au sujet du livre de C. Melman "L'homme sans gravité".

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